On court et on court encore !
Où vont nos premières pensées dès le réveil ?
Vite ! Vite ! Vite …
Je prends vite une douche, vite un p’tit déj, vite un bisou … et je suis parti !
Le temps est le meilleur allié que nous ayons à chaque instant, et au lieu d’en jouir et d’écouter ses précieux conseils et enseignements, nous le virons sans considération de sa valeur. Aux oubliettes le grand sage ! Du temps, certains en ont à revendre … et il n’en font rien. D’autres en ont besoin et ne le prennent pas. Quel monde étrange !
L’autre jour, une amie entrepreneuse me disait que la plus précieuse de toutes ses entreprises était sa famille. Et qu’elle avait, pour nouvelle résolution de s’obliger chaque matin à prendre le temps d’un lent et serein petit déjeuner, toute seule, tranquille, pour s’entraîner.
S’entraîner à quoi lui demandais-je ?
« Je cours sans cesse depuis des années. Je suis épuisée. Je croule littéralement sous le poids de mes responsabilités. Alors je n’ai le temps de rien, enfin c’est ce que je croyais. Je suis dans cet état depuis longtemps, et pourtant avant ce jour-là, je n’ai jamais rien fait pour changer ça !
Sais-tu, dit-elle, ce qui m’a fait me décider ?
Mon fils de 7 ans m’a regardée droit dans les yeux l’autre matin, et il m’a déclaré très calmement : Maman, Je ne m’appelle pas Dépêche-toi !
Dépêche-toi, prends ton manteau !
Dépêche-toi, range ta chambre !
Dépêche-toi de t’habiller !
Dépêche-toi, va te coucher !
Je suis incapable de dire si c’est l’évidence de la vérité toute nue, la puissance de ses mots ou bien le calme serein avec lequel il me les a exprimé… Mais mon fils a fait mouche et m’a touchée en plein cœur.
Que pouvais-je répondre à cela ? Il avait tout à fait raison. Et l’image qu’il m’a renvoyée de moi ne m’a pas plu. Pourtant, j’étais bien devenue celle-là. Mes intentions n’y changeaient rien et mes justifications non plus.
Soit je n’étais pas très honnête et ma famille n’était pas mon entreprise la plus chère ; soit j’étais passée à côté de quelque chose d’essentiel dans la gestion relationnelle de ma si précieuse entreprise.
Moi qui exige cohérence, respect et considération … Quel grand sentiment d’injustice je devais réveiller dans les yeux de mon entourage ! Soit je m’accrochais à mes centaines de raisons, soit j’apprenais enfin à me respecter et à en faire bon usage.
Voilà à quoi je m’entraîne, me dit-elle. J’apprends à jouir du temps et à respecter mes besoins. Je me nourris de bonnes choses et au lieu de m’égosiller, je gagne en temps et en sérénité. »